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L'actu d'Arvalis Désherbage avec du prosulfocarbe : 3 nouvelles règles à appliquer

Arvalis fait le point sur les nouvelles restrictions d'emploi du prosulfocarbe.

Depuis 2017, l’utilisation de matériels antidérive homologués est obligatoire pour appliquer les produits à base de prosulfocarbe (*). En 2018, les autorités ont précisé leurs conditions d’emploi vis-à-vis des cultures non-cibles. Depuis l’automne 2023, les doses d’homologation ont été revues à la baisse et des distances de sécurité vis-à-vis des riverains rendues obligatoires. Retour sur ces obligations, qui sont essentielles pour préserver ces solutions !

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Après des signalements de résidus de prosulfocarbe sur des cultures non-cibles (sur lesquelles l’utilisation de cette substance est interdite), l’Anses a été mandatée pour réévaluer le risque d’exposition des riverains. Les dernières simulations par modèle font état d’un risque potentiel de contamination par voie cutanée/inhalation pour les riverains de parcelles agricoles traitées avec ces produits.

En conséquence, à compter du 1er novembre 2023, tous les produits contenant du prosulfocarbe font l’objet de restrictions d’emploi supplémentaires.

Quelles sont les nouvelles règles ?

- Les doses d’homologation ont été réduites : les produits initialement homologués à 5 l/ha passent à 3 l/ha et ceux homologués à 3 l/ha passent à 1,6 l/ha ;

- Le stade d’application limite a été revu à la baisse pour l’ensemble des céréales à paille. Il n’est plus possible de les utiliser au-delà de BBCH 13 (3 feuilles) sur ces cultures. Pas de changement en revanche sur pomme de terre ;

- À proximité de zones d’habitation, l’application de ces produits doit désormais respecter une distance de sécurité vis-à-vis des riverains de 20 mètres. Cette distance peut être réduite à 10 m s'ils sont appliqués avec des buses réduisant la dérive d'au moins 90 %.

Deux choix sont donc possibles : utiliser des buses homologuées à 66 % ou 75 % et respecter une distance de sécurité vis-à-vis des riverains et des personnes présentes (DSRPP) de 20 m ou utiliser des buses à 90 % et réduire la DSRPP à 10 m.

En considérant les essais réalisés en 2021, il est conseillé d’utiliser uniquement des buses homologuées à 90 %, que l’on ait ou non une distance de sécurité à respecter, afin de limiter au maximum les risques et maximiser les chances de préservation de la substance active dans le futur.

Ces nouvelles règles s'ajoutent aux restrictions déjà en vigueur depuis 2018, à savoir :
- Appliquer ces produits avec un matériel antidérive homologué ;
- Ne pas appliquer ces produits à proximité des cultures non-cibles lorsqu'elles n'ont pas encore été récoltées.

Attendre la récolte de cultures non cibles dans un rayon de 1 km

En effet, depuis le 4 octobre 2018, la réglementation impose d’attendre la fin des récoltes des cultures non-cibles présentes dans un rayon de 1 km avant de désherber des parcelles de céréales avec du prosulfocarbe. Une dérogation est toutefois autorisée dans le cas de cultures non cibles situées à plus de 500 m et moins de 1 km : « en cas d’impossibilité de report du traitement, il faut appliquer le produit uniquement le matin avant 9 heures ou le soir après 18 heures, en conditions de température faible et d’hygrométrie élevée ». Mais il reste préférable de limiter les applications dans un rayon de 1 km dans leur ensemble. Les cultures non cibles concernées par les applications de prosulfocarbe sur céréales à l’automne sont :

- Cultures fruitières : pommes, poires ;
- Cultures légumières : mâche, épinard, cresson des fontaines, roquette, jeunes pousses  ;
- Cultures médicinales : artichaut, bardane, cardon, chicorée, piloselle, radis noir, bourgeon de cassis, échinacées, pissenlit, cataire, vigne rouge (feuilles) ; 
- Autres cultures : sarrasin, quinoa, chia, millet, moha, sorgho.

Cette liste est susceptible d’être modifiée par l’Anses dans le cadre de la phytopharmacovigilance.

Pour les parcelles de céréales à paille avoisinant ces différentes cultures et destinées à recevoir un traitement herbicide à base de prosulfocarbe, il est essentiel de se renseigner auprès de son voisin sur la date de récolte de la culture en question. Dans le cas où les cultures ne seront pas récoltées avant la date limite d’application du prosulfocarbe, il convient de revoir sa stratégie de désherbage en appliquant un programme herbicide sans prosulfocarbe (cas 2 évoqué ci-après).

Localiser les cultures non cibles avoisinantes

Quali’Cible est un service gratuit développé par Syngenta pour aider les agriculteurs à respecter les conditions d'emploi des herbicides à base de prosulfocarbe. En quelques clics, l’utilisateur est informé de la réglementation liée à la situation de sa parcelle. Dans le cas de parcelles multiples, il est possible d’importer un fichier Telepac. Cet outil d’aide à la décision ne peut néanmoins s’affranchir d’une vérification des informations sur place.

Par exemple, l’outil ne différencie pas les vergers de pommes ou de pêches, or les pêchers sont récoltés longtemps avant une application de prosulfocarbe et ne sont alors pas restrictifs. Depuis juin 2021, Quali’Cible intègre, pour toutes les grandes cultures, les conditions d’emploi de tous les herbicides sélectifs et adjuvants de bouillie référencés dans Phytodata.

Cas 1 : le décalage de l’application est possible techniquement

Les produits autorisés sur céréales à paille contenant du prosulfocarbe ont des homologations courant de la prélevée au stade 3 feuilles (BBCH 13) pour toutes les spécialités de prosulfocarbe solo (Roxy 800, Défi, Tomentan,  Minarix, Linati, Auros, etc…) ou du stade 1 feuille à 3 feuilles (BBCH 11 à BBCH 13) pour Daiko (et autres seconds noms commerciaux). Ces produits ont donc réglementairement une plage de traitement qui pourrait permettre un décalage de l’application en cas de récolte des cultures avoisinantes non cibles avant le stade 3 feuilles de la céréale. Il est donc possible d’esquiver la culture avoisinante non cible en décalant une application avec du prosulfocarbe de prélevée en postlevée précoce (1-2 feuilles) tout en conservant une efficacité pertinente en présence de bonnes conditions. Attention cependant à la justesse technique de cette esquive. Comme de nombreuses substances actives racinaires, l’efficacité du prosulfocarbe, en plus d’être liée à l’état hydrique du sol, est également corrélée au stade des adventices ciblées.

Cas 2 : le décalage est risqué techniquement ou interdit réglementairement

Si la récolte des cultures avoisinantes conduit à un décalage de l’application trop tardif (risque d’échec de désherbage ou au-delà de la limite réglementaire), il est recommandé de substituer le produit ou l’association de produits à base de prosulfocarbe par une autre solution de désherbage :

- Une substitution mécanique avec le passage d’un outil comme une herse étrille en prélevée par exemple ;
- Une substitution chimique avec un traitement ou un programme de traitements ne contenant pas de prosulfocarbe. Les programmes de substitution proposés ci-dessous ont des efficacités proches sur sols non drainés. Sur sols drainés, l’interdiction d’utiliser le chlortholuron conduit à préconiser des programmes qui peuvent se révéler moins efficaces, notamment en présence de populations résistantes aux herbicides de sortie d'hiver.

Intervenir en conditions optimales d'application

Il convient également de respecter les conditions d’application optimales du produit : hygrométrie élevée (> 70 %), températures clémentes (entre 5 et 20°C), absence de vent et respect de la hauteur optimale de la rampe en fonction de l’angle des buses. La hauteur minimale est de 50 cm pour des buses de 110° et de 90 cm pour des buses de 80°.

 (*) Defi (ou Auros, Filon EV, Minarix, Spow), Roxy 800 (ou Fidox 800), Linati, Daiko (ou Spow Major, Defi Major, Datamar), Duel +, Fidele, Fixy, Cazodef.
Auteurs : Nicolas Bousquet, Benjamin Perriot, Lise Gautellier Vizioz et Ludovic Bonin (Arvalis)

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